Thèses de doctorat

Les membres de l’Anthropo-Lab accueillent et dirigent les travaux de recherche de futurs chercheurs et chercheuses notamment lors de leur thèse de doctorat.  

Thèse de doctorat en sciences économiques [2017-2022] 

Analyse et déterminants de la mobilité intergénérationnelle de capital humain : le cas de la région des Hauts de France par Valentine SCHMITZ GELDOHF 

Depuis la crise économique des années soixante-dix qui a mené au déclin des industries traditionnelles, la région des Hauts-de-France présente un faible niveau général d’éducation comparativement à la France métropolitaine. Celui-ci se caractérise par une sous-représentation des individus diplômés de l’enseignement supérieur concomitante à une surreprésentation des individus peu ou pas diplômés. De par le processus cumulatif des inégalités, cette situation génère tout un ensemble de vulnérabilités socioéconomiques qui se traduisent par des indicateurs dégradés en matière de niveau de vie médian, de pauvreté, de chômage, d’accès au logement et à la santé. Le manque d’attractivité du territoire, couplé au phénomène de « fuite des cerveaux », ne participe que partiellement à expliquer les écarts observés en matière de diplomation. En réalité, une partie de l’explication réside également dans les choix d’éducation des habitants de la région. Dans un premier temps, cette thèse vise à tester l’hypothèse de l’existence d’un sous-investissement en éducation par les habitants de la région qui se caractériserait par une mobilité intergénérationnelle d’éducation plus limitée. Les résultats de nos analyses ne confirment pas cette hypothèse. Cependant, ils ne révèlent pas non plus l’existence d’un processus de rattrapage régional qui réduirait à terme les écarts région-France observés en matière d’éducation. Pour enclencher un processus de rattrapage, il s’avère donc nécessaire d’accroître l’investissement effectif en capital humain des habitants de la région, ce qui permettrait d’augmenter le bien-être social et économique tant individuel que collectif. Un levier d’action consiste à favoriser la mobilité intergénérationnelle d’éducation. Une façon d’y parvenir consiste à réduire voire éliminer les écarts d’aspirations scolaires en matière d’orientation et de poursuite d’études observés chez des élèves issus de différents milieux socioéconomiques et présentant une réussite scolaire similaire. Il s’agit donc, dans un second temps, d’identifier les leviers à partir desquels il serait possible d’agir. L’analyse des données de l’enquête « École, Aspirations, Avenir » souligne l’importance des différences sociales d’anticipations de réussite comme facteur explicatif de l’autocensure scolaire observée chez les élèves de troisième scolarisés dans la région et issus de milieu modeste. Si ces anticipations de réussite socialement différenciées sont en partie rationnelles, nos résultats montrent (i) que la croyance des élèves vis-à-vis de la mobilité sociale, conditionnellement à leur origine sociale, tend à expliquer les écarts sociaux observés en matière d’anticipations de réussite scolaire, et (ii) que l’effet de telles croyances est hétérogène puisqu’un haut degré de fatalisme social chez les élèves favorisés stimule leurs anticipations de réussite, tandis qu’il tend à réduire celles des autres élèves. Enfin, à partir d’une expérience menée en laboratoire, cette thèse met en évidence l’effet de l’identité sociale des individus sur leur comportement d’investissement en éducation. L’analyse montre que les anticipations de réussite n’expliquent pas les différences de comportement observées, et que les individus ont tendance à se conformer à la norme perçue du groupe social artificiel auquel ils appartiennent. À partir de nos résultats, cette thèse propose différents types de dispositifs de politiques publiques à développer au sein de la région des Hauts-de-France avec comme objectif de réduire la reproduction intergénérationnelle des inégalités sociales à l’École en éliminant les écarts sociaux d’aspirations scolaires.